But de recherche

Ce travail est l’aboutissement de vingt ans de recherches endoscopiques intratissulaires menées au cours de plus de 1 000 opérations chirurgicales. Il ne s’agit pas d’un manuel d’anatomie classique, décrivant systématiquement les différents organes ; les ouvrages de ce genre sont déjà légion. Au lieu de cela, il offre une perspective nouvelle sur la structure et l’architecture micro-anatomiques des tissus vivants, montrant comment le réseau fibrillaire s’étend à travers l’ensemble du corps.

Je pensais au début que d’autres chirurgiens dans le monde, feraient la même démarche car elle n’est pas techniquement difficile. Mais force est de constater que cela n’est pas le cas. Alors je le fais dans un esprit de partage.

  • Tout d’abord, afin de partager la beauté des images que j’observais en explorant les tissus humains dans mon travail de chirurgien. Bien que travaillant avec ces tissus depuis des années, je n’avais encore jamais réellement vu ce que je regardais. Ce voyage au sein des tissus vivants fut rendu possible par de nouvelles technologies vidéo et digitales. Je désirais que d’autres voient les couleurs et les formes ainsi révélées, et qu’ils prennent conscience de la beauté de la Nature et de la structure de leurs corps.
  • Je souhaitais également partager cette connaissance neuve du corps humain et de son fonctionnement. Les savants de notre temps ont étudié en détail les habitudes d’autres organismes vivants, tels les fourmis rouges ou les iguanes des Galapagos. Ils ont accumulé les connaissances au sujet de ces créatures, mais en savent encore très peu sur la façon dont l’organisme humain fonctionne. Je voulais diffuser cette connaissance de manière à ce que chacun puisse en bénéficier et mieux comprendre son propre corps avec un point de vue nouveau.
  • Le réseau fibrillaire met en continuité la totalité des tissus. Comprendre ce point crucial nous permet de nous représenter notre corps comme une structure « globale », avec une architecture en trois dimensions spécifique, constituée d’éléments qui, bien que fragiles, sont doués d’une capacité d’adaptation opiniâtre. Cela suggère qu’il existe, chez tous les organismes vivants, un système architectural dont le rôle va bien au-delà de la simple mise en relation des choses. Un tel système est véritablement constitutif.
  • Je désirais partager mon étonnement de découvrir que les cellules n’occupent pas tout le volume du corps et ne sont pas responsables de sa forme. Le monde extracellulaire, ignoré par la recherche pendant plus d’un demi-siècle, est aussi important que le monde cellulaire.
  • Et j’éprouvais le besoin de faire comprendre l’importance des forces physiques intracorporelles, longtemps négligées, qui imposent leurs lois à tous les niveaux, et permettent à la complexité de s’accroître dans le temps et l’espace.
  • J’ai eu beaucoup de mal à abandonner la certitude tranquille qu’apporte la rationalité pour entrer dans un univers de fractales et de chaos apparent. J’ai fini par comprendre que ce désordre fibrillaire, en dépit de son aspect incohérent, garantit, de pair avec la continuité tissulaire, le bon fonctionnement de l’organisme vivant. Les concepts d’ordre et de proportionnalité semblaient le céder à la non-linéarité et au désordre apparent, qui en fait autorisent une adaptabilité créative et favorisant la tendance de la vie à s’auto-organiser de la manière la plus efficace.
  • Enfin, je voulais informer les autres des résultats de cette exploration, qui dérangent nos certitudes académiques et nous conduisent dans les domaines de la physique quantique, de la fractalisation et de la biotenségrité. La Nature est sans aucun doute une symphonie mêlant fragilité et complexité, mais elle devient peu à peu de plus en plus compréhensible.
    Peut-être, après avoir parcouru ce site, regarderez-vous, comme moi-même, votre corps et votre vie différemment. Cette conscience nouvelle de notre architecture vivante ne devrait pas être considérée comme une révolution, mais plutôt comme une évolution rendue possible par le progrès technologique.

Des observations recourant à des procédés optiques encore plus performants, ainsi qu’à d’autres techniques nouvelles, ne manqueront pas d’apporter de nouvelles modifications dans notre perception du monde de la matière vivante et d’ébranler les croyances conventionnelles.

Nous ne sommes qu’au tout début de cette exploration !

Jean-Claude Guimberteau